Il est resté tout ce temps, assis dans un fauteuil non loin de moi, là, au milieu de tous ces gens élancés dans le cours normal de leur vie ; il est resté assis sans mot dire, tout le temps où j’écrivais dans cette galerie marchande. Voulait-il être seul avec quelqu’un ? A-t-il choisi ma « non-compagnie » ?
Près de nous, les clients défilaient au comptoir du pressing. Un jeune homme avait dû tâcher sa veste en déjeunant sur le pouce. Souriante, la gérante essayait de le rassurer, la veste serait prête dans une heure. J’écrivais, j’écrivais, noircissant les pages de mon carnet couché sur ma cuisse gauche engourdie. L’homme continuait à regarder l’écran de son téléphone, assis près de moi. Un autre homme s’est alors approché de lui pour le salue : « salam », poignée de main, ils parlaient à côté de moi et moi, moi j’écrivais encore et encore. J’écrivais l’homme et le pressing, cette connaissance qui troublait notre silence partagé, en parlant de voitures. Puis cette personne est partie et l’homme et moi avons pu reprendre possession de cette seule chose que nous pouvions ensemble entretenir, dans cette galerie marchande, au milieu de tous ces gens pressés, clients du pressing, femmes poussant leurs caddies, couples attablés au snack d’à côté, femme de ménage vidant la poubelle.
La veste au pressing était propre et repassée. J’ai consulté ma montre, rassemblé mes affaires et je me suis levée. En quittant cet endroit si longuement occupé, j’ai croisé le regard de cet homme, un regard qui m’a de part en part traversée. Dans ce regard, il y avait de la bonté et je crois, je n’en suis pas sûre, de la gratitude. Et c’était simplement doux.
Il y a des rencontres comme ça qui nous marquent et tu en parles très bien.
Merci!
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merci à toi 🙂
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On ne sait jamais
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yep
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