Cordial Green Golf
Les longues palmes des dattiers chavirent sous les vents sud sahariens et se frottent les unes aux autres dans une douce éraflure semblable à celle de la lame du couteau sur le dos croustillant du pain grillé. Le souffle chaud forcit soudain, emportant avec lui fleurs et feuilles de bougainvilliers. Pour la troisième fois de la journée, l’homme qu’on prénommera ici Pablo, lunettes de soleil, barbe de trois jours sur peau mate, cheveux bruns, short et t-shirt rouges, lettrage jaune dans le dos « SOS Lifeguard », cet homme marche lentement le long du rebord blanc de la piscine, à cette heure moins fréquentée, une longue perche dans les mains, en son extrémité le filet d’une épuisette, et comme chaque jour de chaque semaine, repêche les pétales blancs ou violets, flottant translucides sur la surface de l’eau chlorée.
Pablo est ici maître des lieux, de 10h à 18h seulement, ce qui lui octroie le droit de siffler les enfants imprudents, d’ouvrir la boîte de secours si besoin, d’être en somme ici, le cowboy des bassins du Cordial Green Golf. Mais à 18h, lorsque son service se termine, qu’il ramasse dans son sac à dos son thermos vide, qu’il part pointer à la réception de l’hôtel et que le vent assomme encore l’atmosphère de nouvelles salves ébrouant les hauts palmiers, alors, la piscine livrée à elle-même, est soumise à l’invasion des végétaux comme des pneumatiques géants de toutes formes et de toutes couleurs, bouées pneus, donuts au glaçage appétant, matelas ananas et autres crocodiles flottants. Et puis, toujours le vent comme la nuit tombent et les rangées de transats en plastique blanc, réservés plus tôt dès le matin, se vident peu à peu, les serviettes étendues encore pour garder la place sous le parasol demain; les estivants partent soigner leurs coups de soleil laissant la place libre à une douzaine de chats noirs, bienheureux de reprendre leur territoire et d’y trouver un peu de fraîcheur ainsi que de quiétude, juste le bruit du clapotis de l’eau contre le bord de la piscine, le silence, enfin au cœur de la nuit.
Comme il y a 5 ans, je vous propose une petite série d’été, série de textes écrits au bord de l’eau et fleurant la crème solaire ! 🙂 merci pour votre lecture, Claire
Douce nostalgie des vacances d’été à peine finie! La crème solaire, la détente au bord de l’eau et le maître nageur bronzé et vaillant surveillant l’espace toute la journée (Façon Billy;))
Sympa!
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