{Texte} L’Enveloppe

Version #2

Je tiens ma tête, le poing contre ma joue, le coude sur la table, des miettes de pain éparses sur le bois gras et égratigné. Ça sent le foin humide, le lait chaud, le vinaigre blanc. De la poussière danse dans le rayon de soleil qui plonge sur la cuisine. Les paillettes de croûte dorée écorchent la peau de mon bras, j’ai comme souvent éventré le morceau de baguette, arraché sa mie pour la dévorer, délaissé le reste. Elle entre dans la pièce, elle ne râle pas. Aucune remontrance face à mon délit récidiviste. J’aurais tout de suite dû voir que ce n’était pas normal. La pâleur de son visage, son regard effarouché, de celui des bêtes prises dans les phares d’une voiture… Quelque chose n’allait pas.
Le baiser longuement appuyé sur mon front, ça aussi ça clochait. Je n’ai pourtant rien compris sur le moment, rien vu. Pas même l’enveloppe. Elle m’a sourit tristement comme on peut sourire au mensonge, puis, saluant la femme, a quitté la pension.

 

J’ai écrit ce texte (inspiré par ma grand-mère) lors de La Nuit de l’écriture animée par Jean-Pierre Cannet.
Le thème de cet atelier était « LE RETOUR IMPOSSIBLE ».
La fin de mon texte était différente. Je l’ai légèrement changée sous les conseils de Jean-Pierre. Il trouvait que j’en disais peut-être trop dans la première version… Voici cette version, qu’en pensez-vous ?

Version #1

Je n’ai pourtant rien compris sur le moment, rien vu. Pas même l’enveloppe qu’elle a glissée dans la main de la femme. Elle m’a sourit tristement comme on peut sourire au mensonge, puis a quitté la pension.
J’ai cinq ans, je ne l’ai jamais revue.

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