{Texte} Conte de Noël

Décembre. Se peut-il ?
Se peut-il vraiment ?
Le Père-Noël a lâché l’affaire. Basta, stop, ras le bonnet… Ras le pompon même !
Les journaux ne parlent que de ça ce matin. Les gros titres en rouge et blanc. Gilets jaunes relégués page 5. Le Père-Noël après tous ces siècles de bons et loyaux services, n’assurera pas sa tournée. Il se raconte même qu’il raccrocherait sa cape pour toujours. La population mondiale est en émoi. Les enfants reniflent dans les chaumières. Certains ne voient plus aucune utilité à rester sage ! Les services des postes à l’échelle internationale sont noyés de milliards de listes de cadeaux. Retour à l’expéditeur, destinataire inconnu. La terre entière sombre peu à peu dans une étrange latence grise. Chaque être vivant, chaque enfant, chaque adulte, chaque animal, végétal semble suffoquer. Il faut bien le dire : à l’annonce fracassante d’une telle nouvelle, l’espoir, celui-là même qui naît de l’éclosion d’une rose, de la naissance d’une aube claire comme du sourire bienveillant, l’espoir, carburant jusque-là épargné de toute surtaxe fiscale, L’ESPOIR, mesdames, messieurs, a bel et bien fuit nos rues, nos maisons, nos consciences !

Aucun chef d’état, aucun haut religieux, aucun syndicaliste digne de ce nom n’a pu prendre la parole. Pas même Marine Le Pen. Le monde entier est resté sec. Une délégation de  grands philosophes provenant de chaque continent, a bien pris la route du Pôle Nord afin d’essayer d’ouvrir le dialogue. Mais le Père-Noël n’est plus chez lui, laissant Mère-Noël et quantité de lutins orphelins, et… chômeurs ! Ce qui n’est vraiment pas terrible par les temps qui courent.

Et puis voilà. La petite Clémence fait depuis hier le buzz sur la toile, dans les journaux, sur BFMTV non stop. Sa bouille de gamine édentée – que voulez-vous, à sept ans c’est l’hécatombe dentaire – sa bouille affichée partout aux côtés d’un homme débonnaire et joufflu, rose et barbu, sale et ventru. « J’AI RETROUVE LE PERE-NOEL ! » clame-t-elle ! Il faisait les poubelles derrière le Liddl de la rue Jean Jaurès. Les parents fiers, organisent des conférences de presse partout dans le monde pour défendre la gamine persuadée que ce sans-abri désorienté et affamé est bien le Père-Noël. Mais lorsqu’on interroge l’homme, il déclare dans 125 dialectes différents, qu’il ne sait pas comme il se nomme et qu’il n’est simplement personne. On fait venir en jet, la Mère-Noël qui ajustant ses lunettes, peine à reconnaître formellement cet homme étrange. Certes la ressemblance est là et il est capable de dire « Ho, ho, ho ! » d’une voix de basse particulièrement persuasive; mais elle ne retrouve pas dans ce regarde vitreux cette petite étincelle rendant tout merveilleux… Clémence a l’air sincère et de bonne foi, croit mordicus qu’elle a raison, « C’est le Père-Noël et c’est tout et ce-qui-me-croivent pas n’y connaissent rien ! ». Il faut l’admettre, sur cette foutue planète, on ne compte guère plus qu’une poignée de sympathisants : voilà belle lurette que personne ne croit plus au Père-Noël et que tous se ruent sur tablettes et télévision en Black Friday, pour arroser en masse le pied du sapin de dernières technologies high-tech, à obsolescence programmée. « MAIS C’EST POUR CA ! crie Clémence. LE PERE-NOEL, il a pété UN BOULARD !! »
« Il y a de quoi », enchérit Nicolas Hulot sur CNEWS. Les murmures vont bon train. Le Père-Noël fait un burn-out. Il a quitté son chalet en pleine nuit, sans arme, ni haine, ni bottes; a volé des jours et des nuits pour atterrir quelque part en France et survivre à l’arrière des supermarchés. On s’est mis à chercher rennes et traîneau partout mais la piste a conduit vers une casse où le véhicule aurait été démantelé. Quant aux rennes, c’est plutôt bon en terrine ou pâté… Bref, l’histoire pourrait se terminer bien et comme dans les téléfilms américains, Clémence pourrait parvenir à persuader le Père-Noël de reprendre sa hotte mais rien n’en est !
Le 1er Janvier, la fin du monde est annoncée…

Atelier d’écriture. Consigne : commencer par Décembre et faire intervenir Clémence.

2 réflexions sur “{Texte} Conte de Noël

  1. Comment ça il n’y a pas de commentaire ! Alors moi j’en mets un parce qu’alors ce texte il est super génial. Belle idée que cette déprime, cette désertion du père Noël. Ça nous pend au nez ce truc, il va finir par se casser comme tu l’imagine. Chouettes clins d’œil aux actualités, belles images de l’espoir. Bravo Claire

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