Mur des je t'aime

{Texte} Écrire avec Dominique Sampiero

Hier j’ai eu l’occasion de participer à un atelier d’écriture, animé par Dominique Sampiero, scénariste de renommée nationale (Films « Ça commence aujourd’hui » ou « Holy Lola ») et écrivain (dernière parution à La Boucherie Littéraire, « Où vont les robes la nuit »). Cet atelier, avec ses consignes, permet d’actionner un processus créatif, dans un minimum de temps (10 minutes) Ce moment éveille en moi de nouvelles possibilités que j’espère par la suite expérimenter dans mon travail littéraire…
Sans trop réfléchir, voici ce que j’ai pu produire !

Ecrire trois mots exprimant la beauté :

RessacImpulsion Traversée

Puis trois mots négatifs :

ExclusionRenoncementDentiste

En gardant cet ordre, combiner les mots en espèce d’oxymore puis leur donner une définition.

Le ressac de l’exclusion est cette foutue croyance qui colle au bas de mes jeans gorgés de flotte, ces jours d’orage mental gris, où je ne suis plus que le reste de moi-même, à sept ans.

L’impulsion du renoncement, c’est ce moment où, enragée devant la porte close de ton appartement, j’éradique de mon répertoire téléphonique les dix chiffres maudits qui toujours te rappellent à la laisse de mes sentiments et au souvenir du goût de ta bouche.

La traversée du dentiste est cette toile du XXe siècle, exécutée par un artiste inconnu, au fil dentaire.

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L’enfance au travers de la beauté et de la médiocrité d’un geste, silence, regard, sourire et d’un oui.

Gestes

Dans son grand imperméable beige, il est entré dans la maison puis a posé son chapeau de feutre sur le crochet du porte-manteau. Il a plié ses genoux pour se baisser sur moi. Son baiser sur mon front a rebondi une fois dans un petit claquement de lèvres. Puis il a lancé : « Bonjour ma fille ! »

Un coup de pied dans son ventre et son souffle qui se coupe. Mon ascendant calendaire. Aujourd’hui mes regrets.

Silences

Accoudée au rebord du velux grand ouvert sur la nuit j’ai crié : »Ca commence ! ». Les pieds se sont précipités dans l’escalier, emmêlés, empêtrés puis mon frère a lourdement chuté dans le craquement sourd du bois patiné. Puis plus rien. Le silence; ensuite brisé par la première gerbe du feu d’artifice par delà les toits.

Simon du haut de ses huit ans a apporté la pétition jusqu’au bureau de la maîtresse; annihilant tout l’espoir du groupe atterré et silencieux. Il ne manquait qu’une seule signature.

Regards

Ils ont regardé le directeur qui m’a regardée, déposant sur moi sa déception et sa colère. Ils ont saisi la feuille tendue, lu les mots que j’y avais écrits, puis ont plongé leurs yeux éclairés dans le bleu de mes prunelles. Nul doute, j’étais bien leur fille…

Les regards dédaigneux de Marion et de ses sympathisants. J’avais pris la main de son petit-ami sous le pupitre en plein cours d’allemand.

Sourires

Le chat couché sur mes cuisses ronronnait avec tendresse, son intention tournée vers moi et dans ses yeux jaunes, un sourire.

Devant ses amis, il m’a toisée, m’humiliant de ses mots étroits. Je savais pourtant qu’il m’aimait grandement.

Oui

« Veux-tu du café ?
– Oui ! »
J’ai onze ans. Je suis grande !

« Oui. Cet homme est mort de froid. »

 

 

 

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