{Texte} Le lien #1

Tu pourrais sûrement dire, j’ai peut-être tout gâché, avec mon cœur qui s’emporte, tout autant qu’il se raisonne et nous voici,

funambulant sur l’affleurement sec de nos aveux,
brusquement, tu tressailles, recules de deux cases et, à l’écoute de tes peurs, comment pourrais-je en être sûre : tu n’es plus là.
L’intention de mes mots est intarissable. J’ai beau,
te parler chaque jour, dans l’écho de ma boîte crânienne – c’est comme cela que tu restes en moi – j’ai beau,
me montrer bavarde, moi qui ne le suis pas,  tout te dire tout,
je me souviens toujours d’une chose ou deux, qu’il faut encore que je t’explique tandis que mon esprit volubile s’apaise enfin d’une occupation banale, d’une lecture, d’un écran. Et je n’m’en sortirai pas.
Je déteste ces temps où,
les mots ne trouvent pas ton oreille, fantôme, tu te joues de moi,
tantôt mort parmi les morts, silencieux; tantôt revenant d’entre les vivants, jamais vraiment parti, je m’habite de ton absence.  Tout est toujours là,
et parfois, lucide, je tempête, projette alors mon orgueil contre le bloc de papier, et les mots se crachent dans la colère d’un crépuscule d’octobre soufflant l’évidence entre les interlignes : on n’s’en sortira pas ! C’est sans doute la seule chose compréhensible dans tout ce foutoir.

Il y a quelque chose d’irrésistible, quelque chose plus fort que tout qui,

nous échappe. Tu es toujours là. C’est une manière comme une autre, de n’enterrer jamais personne. Et je m’agite bien trop. J’écris. Je t’écris. Le chat m’insupporte je voudrais te le dire. Encore. Je voudrais te dire aussi, mon genou passe par toutes les couleurs et je fais pousser des champignons de Paris chez moi. Cela te ferait rire je crois. Tu penserais, je ne suis pas comme tout le monde, à jamais faire ou répondre ce qu’il faudrait. Je voudrais te dire encore, j’ai presque fini. Le livre et ça me fait flipper. Et puis j’ai été entendue, j’ai pris acte et tu n’avais pas tort sur la manière de mener ce genre de négociation. Tu as toujours été de bon conseil.
Aussi, je vais partir. J’ai entendu cet air sur Radio Classique, je sais que je l’ai déjà joué, à un autre rythme, sur d’autres nuances, j’aurais aimé te le fredonner. Ah oui et les carillons koshi connais-tu cela ? Je n’avais jamais entendu rien de tel, avant aujourd’hui. Leur son est indescriptible. Comme celui de ta voix aussi prégnant que perdu. Enfin je voudrais te dire, le ciel si beau ce soir et comme j’avance. De l’au-delà, m’entends-tu ? J’avance. C’est ce que tu voulais tu vois, et malgré cela. Je suis toujours,
toujours manque de toi.
Je n’m’en sortirai pas.

 

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