Elle avait la mine chiffonnée des matins câlins, les cheveux brouillon, carré court, chevelure blonde bouclée, rabattue négligemment sur la gauche, juste les phalanges des doigts passées rapidement dans la masse à la place du peigne, avec un peu d’eau peut-être. Une étrange lumière émanait d’elle ce jour-là, à la fois mystique et captivante, celle de l’amour sans aucun doute. Elle arborait cette robe bleue-marine à petits pois blancs, la taille haute, celle qui est un peu trop courte sur la cuisse et un peu trop échancrée sur la poitrine, pour un début de mois d’avril; celle qu’il lui avait choisie et offerte, pour « sublimer ce corps… » disait-il. « Ce corps… » il n’allait pas plus loin, son regard pétillant en disait assez long. C’est comme ça qu’elle déboula à pied dans le village, ce dimanche matin, un dimanche matin exceptionnellement chaud pour la saison : les yeux cachés derrière de larges lunettes de soleil, les pieds élégamment bridés dans des sandales compensées, la démarche lacée avec le bonheur, radieuse, elle allait acheter du pain où que sais-je encore; et tous, tous, les badauds, les commerçants, les fidèles sortant à cette heure de la messe, le pompiste lymphatique, tous s’étaient comme arrêtés dans leurs activités, dans leur vie, avaient actionné le bouton « pause » pour regarder cette apparition marcher sur le trottoir, passer le petit pont fleuri, traverser la route, un sourire énigmatique sur les lèvres charnues, un air de « rien remarquer », envoûtante. Elle poussa la porte de la boucherie, entra et resta un très long moment à échanger avec le commerçant. Il n’avait pas d’autres clients et pris le temps de lui expliquer comment elle devait s’y prendre pour désosser la dinde qu’elle lui achetait : d’abord en découpant la peau le long de l’épine dorsale avec un bon couteau affuté, puis en retirant la chair de la cage thoracique, des côtes, et en détachant les os du corps avant de couper les articulations… Quand elle quitta la boucherie, les villageois retrouvaient enfin leur respiration qu’ils avaient comme suspendue, attentistes de pouvoir se repaître encore un peu d’une si charmante présence.
La femme n’eut besoin d’aucune autre emplette et quittant le village, se hâta vers son foyer, sans doute pressée de se mettre aux fourneaux pour préparer un délicieux repas à son amant. Ce dernier ne goûta cependant guère de volaille ce jour-là mais bel et bien l’eau de la rivière, emballé dans plusieurs paquets lestés.
J’adore ton style ! Tu écris bien… très bien. Continue je t’en prie… C’est un régal…
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Frédérique, cela me touche beaucoup venant de toi, tu sais
J’aimeJ’aime
j’ai adoré! quelle chute !
Merci pour ce sourire du lundi matin ^_^
J’aimeJ’aime
AH ah ah !!!! Excellent !
J’aime beaucoup.
A la première lecture, je n’y croyais pas. Non, The blonde n’avait pas pu vouloir dire cela. C’était autre chose qu’il fallait comprendre mais pas ça, pas ce que j’ai compris immédiatement avec mon esprit tordu emballé dans des pensées traditionnellement amatrices de coups tordus comme ceux-là. Mais si ! Les hashtags me l’ont confirmé.
J’adore !
A la limite, ça mériterait d’être un peu plus ambigu même avec quelques petits rappels anodins de « l’amant » durant le récit. Mais ce n’est que mon avis.
J’aimeJ’aime