{Texte} J’ai cherché

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J’ai cherché longtemps ce que.

A toi je pourrais dire, toi qui.

Je pourrais te dire, qu’ici bas on s’est indigné, qu’on a fait naître un mouvement, un mouvement solidaire, en ces temps où nous avons honte de nos semblables, ceux là-même qui s’échinent à entasser des pneus ou à accrocher des banderoles dans des villages morts. Je pourrais te dire que,
un enfant dans les bras, je suis allée vers quinze étrangers perdus dans le bocage normand. Je n’ai pas eu peur. Je pourrais te dire leurs sourires, leur jeunesse, leur soif d’apprendre, leurs applaudissements. Je pourrais te dire que j’ai écrit dans le musée de Saint-Lô, que j’ai écrit ma tête, ce qu’il y a à l’intérieur, un joyeux foutoir, un Kandinsky. Je pourrais te dire aussi, que cette semaine j’ai douté, vacillé et puis que je n’ai pas réussi à m’inspirer de la moindre gourmandise. Je pourrais te dire que j’aimerais être encore maman.
Tu vois je pourrais te dire.

Je pourrais te dire, un jour, tu écriras sur Pirou même s’il ne reste alors rien des murs fantômes, même si tu n’as pas pu t’y rendre, même si tu n’as pas pu gratter quelques mots assis au pied des murs d’agglos tatoués de graffitis, même si tu n’as pas pu respirer l’atmosphère de ces toitures squelettiques, même si tu n’as pas pu écouter le vent d’ouest qui glisse depuis la mer sur les dunes blondes avant de butter contre ce sourire édenté, de charpentes, d’éboulis de pierres, de tuiles cassées.

Puis je pourrais te dire, tu lui écriras… tout ce que tu as à lui dire…absolument tout. Et cela t’aidera. Un jour alors, tu boiras une tasse de thé bouillant au coin du feu, ça te réchauffera les mains et l’intérieur du corps après être sorti dans la pluie pour nourrir les poules; tu serreras la tasse de porcelaine très fort contre tes paumes et son souvenir te parcourra comme ça sans prévenir et cela te fera sourire, cette fulgurance de son rire, comme ça pour une blague que tu avais dû lui dire, un dimanche gris de pluie comme celui-ci… Son souvenir te traversera sans prévenir, ce sera violent, triste au début et cela te remplira; et cette blessure, tu réaliseras que tu sais vivre avec…

J’ai cherché longtemps ce que.
A toi je pourrais dire, toi qui.
Un jour cela ira mieux, tu ne t’y attendras pas mais avec le temps, ce sera là. Tu lèves les yeux au ciel, j’ai fait cela avant toi…Alors je t’avouerai que cette lettre que moi je t’écris, ce jour où je me suis réveillée avant l’aube dans de tendres bras, cette lettre est maladroite puisque, fatiguée de suivre mon cœur, je dus rouler dans le brouillard et dans la nuit pour arriver le matin à l’heure;  je te dirais tout cela, si j’étais près de toi pour te prendre un peu de chagrin si tu en avais besoin, mais comme dirait mon ami Jean, je ne suis même pas là, à te taper sur l’épaule, juste collée à mon écran, alors je t’embrasse et je te dis simplement,

je pense à toi…

A ceux qui ont perdu quelqu’un cette semaine
ou non

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