Un appareil à gaufres,
Un ordinateur,
Une bibliothèque,
Un faitout – celui de ma grand-mère,
Une couette, des draps,
Un gratin de pommes de terre – recette de famille,
Un chanteur et sa guitare,
Mes hortensias,
Lens, Lille, Arras,
Mes mots devant le Maire,
Bayeux,
Mon conte de fée,
Ma vision de l’amour,
Mes plus vertes années,
Mon ventre rond puis découpé,
Celle qui suit, des pans de sa vie,
Mon rire,
Ma confiance,
En l’homme, en moi-même.
Voilà ce qu’il a emporté.
Et je suis comme nue.
✩✩✩✩✩✩✩✩
Dans ce couloir de verre, ouvert sur Caen et le monde, tant d’âmes perdues s’évertuent à défaire les liens qui jadis les unissaient.
Au sol, pas un seul grain de poussière, pas même une miette de tous ces anciens amours.
Et moi, assise seule sur ce banc froid et dur, je contemple tout ce que je lui ai donné de ma vie. Et ils sont tant comme moi, autour de moi, désaimés.
Le temps s’étire derrière ces murs transparents par delà lesquels la vie heureuse des autres semble poursuivre son long cours. Ici, tout semble sur pause. Les avocats par grappes noires et blanches tuent le temps en plaisantant. Blagues d’initiés.
Et il est là, dans un coin debout, et il sourit, et je ne le connais plus, inconnu.
Bientôt les arguments fuseront entre les quatre murs de cette pièce grise contre laquelle il s’adosse. Et nos avocats ne plaisanteront plus. Et je ravalerai mes larmes et mon envie de partir, de claquer la porte sur le plaidoyer, tout laisser, tout abandonner pour retrouver Celle qui suit, la serrer fort contre mon cœur et poursuivre notre nouvelle vie.
Mais je reste et je m’accroche à son sourire, au cap qu’elle m’intime de garder, petite pomme-boussole.
Puis la nuit tombera sur Caen et les lumières traverseront les hauts murs de verre du couloir déserté.
Peut-être alors une femme passera, quand tous seront repartis. Elle aura un balai dans les mains et peut-être alors ramassera t-elle les restes de moi. Alors ce couloir traversé le jour d’ illusions perdues, redeviendra immaculé pour le jour suivant.
Et dire…
Et dire, que l’on s’est tant aimés…

Le plus difficile est je crois d’y constater l’implosion des certitudes qui, par notre éducation, nous avaient fondés ; comme si nous n’étions plus tout à coup qu’un être sans substance et dont le passé n’est plus qu’une illusion présumant d’un avenir non moins immatériel dans un présent cauchemardesque.
C’est un échec, mais comme l’écrivait le père Mitterrand : « l’erreur ne réside pas tant dans l’échec, que dans l’incapacité de le surmonter… »
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Ôh…Merci Marion. Très beau billet 😉
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Dur, vrai, épuisant… Puis un pas, un autre, ainsi de suite…
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Un pas, deux pas, du temps et un mouvement 🙂 merci
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A chaque défaite, les mots essaient de se faire une place entre l’humour et la lucidité, en attendant qu’une pomme boussole vienne nous guider vers d’autres partages, vers d’autres horizons. En tout cas,par ces quelques lignes , il me semble avoir partagé avec toi ce moment difficile de la rupture officielle et de la nécessité vitale de continuer malgré tout à aimer…Sûrement autrement . En espérant que cela ne te paraitra pas trop présomptueux.
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Cela n’est pas présomptueux, Jean-François, c’est au contraire réconfortant. A bientôt, dans les parages d’une bibliothèque 🙂
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Touchée, émue !! Se raccrocher à la si jolie petite « pomme-boussole » toujours et encore !! Courage jolie Claire
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de gros bisous Julie, merci
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La « pomme-boussole », « la reine », « la pépite » brille et elle nourrit par cet éclat ! A travers ces rideaux de verre, le soleil illumine et ses rayons, transparents certes, rayonnent et réchauffent. Il faut simplement, les percevoir, les ressentir, les accepter…
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Un texte émouvant.
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Merci 🙂
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Un texte fort, fort émouvant, fort difficile, fort bien décrit, fort bien triste aussi, un peu… ❤️
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J’éprouve beaucoup de tristesse…..et je demande pourquoi ?
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Parce que la vie c’est super dur, pour tlm … Mais la tristesse, il faut la regarder, prendre le temps, s’assoir un moment devant elle car sans cela impossible de trouver la force de sourire et d’avancer. Merci Francis, Tjs là…
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Hello Perrine et merci, ton passage ici et ce petit mot me touchent. Bise
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