Torrevieja – Jour 5
Il est une maison-couloir, construite dans l’espace offert par la ruelle qui jadis, courrait entre deux maisons de la Villa Laguna. Deux portes d’entrée donnant sur deux terrasses, de quoi toujours trouver d’un côté ou de l’autre, le soleil ou l’ombre.
Une chambre sur chaque pignon, deux fenêtres pour un mince courant d’air en travers de l’étage. Le rez-de-chaussée couloir. Buanderie, cuisine, séjour en enfilade.
C’est ici que nous séjournons : celle qui suit, moi et mon cœur à rapiécer.
Sur les pas de mes étés d’enfance, je suis ici, Torrevieja.
Rien n’a changé.
Le caoutchouc a grignoté l’allée. Même carrelage, mêmes palmiers, mêmes enfants. Des enfants devenus grands, qui marchent et courent dans leurs pas oubliés, et offrent leurs anciens jeux à tous ceux qui derrière eux désormais suivent.
J’étais ici.
Mes rires la nuit s’envolaient sous les arcades, t’en souviens-tu Thomas ? Te souviens-tu comme nous apprîmes à vivre comme à nager ?
Aujourd’hui celle qui suit se libère dans l’eau de ses bouées. Et moi aussi j’essaie d’évoluer seule dans le grand bain.
Je suis revenue, nous sommes ici. La maison-couloir est mon refuge.
J’y panse mes plaies, rapièce les bouts de moi patiemment le soir, bercée par le bruit du ventilateur et le chant des grillons.
Torrevieja – Jour 6
Sur la route, sous une chaleur écrasante, au bord de la pinède, sous un pin à l’ombre absente, sur un siège pliable, un chapeau sur la tête, le regard dans le vide, un homme – Manolo – est assis…
Il est 9h30.
La Mata – Jour 7
Sable blond. Brûlure sous la plante des pieds. Vers Guardamar, mer d’huile. Comme un lagon dedans la ceinture de rochers. Pêcheurs. Tiède Méditerranée.
Vers Torrevieja, énergique mer, roulantes vagues, bruyantes, réveillées. Drapeau rouge. Maître nageur attentif.
Planches, morey, surfeurs.
Parents, enfants, cousins, aïeuls, familles entières très encombrées. Parasols, glacières, serviettes, sièges pliants, pneumatiques, pelles et seaux, installés pour la journée entière.
Boissons fraîches et bocadillos, pêches plates, thermos…
La vie autour de moi et la mer. Sa rumeur vive, le sel sur les plaies.
Celle qui suit, dans les vagues, mon cœur remis aux déferlantes, mes cheveux si blonds, si secs et bouclés, sur mes épaules nues, mon corps à la vue de tous ces inconnus et un instant alors, aucune entrave.
Plus de passé. De futur. De chagrin, de rage. Le présent seulement, mes pieds s’enfonçant dans le sable mouillé, le rire de celle à qui j’ai donné vie, est-ce cela, est-ce cela ? La liberté ?
Ici je suis.
En dépit des lumières du soleil ibérique, il laisse une impression sombre celui là.
Et pourtant, il y a autre chose que cette esquisse nostalgique une fois replacé dans la série.
Bon we.
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Traverser l’ombre et trouver le soleil, la vérité de soi, aller vers soi-même… Tu traverses El Chaparral avec moi. Merci wic
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