Entretien avec Pascale Pujol, écrivain

Pascale PujolSalut Pascale ! Raconte-nous : quels rapports entretiens-tu avec l’écriture ?

Le premier rapport est celui à la lecture. J’ai toujours beaucoup lu, j’adore ça, et je continue ! J’aime lire des genres très différents, beaucoup de littérature étrangère notamment, je pense qu’il est important de se « nourrir » quand on a envie d’écrire. Lire me donne envie d’écrire. Et ensuite, j’ai pratiqué deux métiers d’écriture (journaliste et consultante), même s’il ne s’agit pas de fiction. Le journalisme m’a appris à traquer le superflu, à être précise. Du coup, le fait d’écrire est un peu une évidence.

Comment travailles-tu, quels sont tes « petits trucs »… Des habitudes ?

Je peux écrire tout le temps : journée, soir, week-ends, vacances ! Même au bureau ! La seule règle est de disposer d’un minimum de temps, au moins deux heures, mais ça passe très vite et il est préférable d’avoir trois ou quatre heures devant soi. Ce qui est certain, c’est que chaque fois que j’ai envie d’écrire, je le fais, autant que possible. Quand je suis dans une phase moins productive, j’écris parfois juste quelques lignes, mais je m’y oblige. Et puis je corrige et réécris : je relis tout depuis le début, j’affine, j’allège, je travaille sur la cohérence, ce qui est très important pour un roman. Évidemment, au fur et à mesure que le texte avance ce travail est de plus en plus long, car je reprends tout depuis le début à chaque fois. Je m’astreins aussi à écrire dans la chronologie de l’histoire, et pas de manière « déstructurée », même si parfois un chapitre plus lointain me « démange ». Tant que je n’ai pas atteint le moment où il s’insère dans l’intrigue, j’y réfléchis, mais je n’écris pas encore et je m’oblige à avancer.

Je suis d’une nature impatiente, donc j’essaye d’avancer vite. Mais l’expérience m’a montré qu’un texte devait reposer, comme une pâte, et qu’on le retravaillait bien mieux après l’avoir lâché deux ou trois semaines, quand on s’en ai un peu détaché.

Croyais-tu avoir le potentiel pour être un jour éditée ?

C’est difficile à dire. La seule chose évidente, c’est qu’il faut de la volonté pour y parvenir. Donc, après avoir écrit un certain nombre de nouvelles, je me suis dit qu’il fallait essayer, que personne ne viendrait me chercher. J’ai construit un manuscrit avec une quinzaine de textes et je l’ai envoyé à un grand nombre d’éditeurs (beaucoup trop, avec le recul). Et rapidement, même avant qu’il ait été accepté, j’ai démarré un roman. Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter, qu’il faut avoir envie de « construire » quelque chose.

Racontes-nous comment tu as vécu le premier coup de fil de Quadrature ?

En août 2013, j’étais en vacances en Ariège dans un coin où le téléphone ne passe pas et Internet pas trop non plus. Mais au milieu d’une clairière, pendant une balade, il y a eu un peu de réseau et mon téléphone s’est réveillé. Quadrature essayait de me joindre depuis quelques jours et m’avait laissé deux messages. Et cela faisait 6 mois jour pour jour que je leur avais envoyé mon manuscrit… Je les ai vite rappelés, ils m’ont dit qu’ils souhaitaient publier mon recueil en avril 2014.

Et maintenant, Le Dilettante… De quoi parle ton nouveau livre ?

C’est une comédie sociale, contemporaine, un peu satyrique, qui se déroule à Montmartre. Elle mêle un grand nombre de personnages venus d’horizons différents. Ils ont tous en commun un goût pour les petites magouilles, les petits arrangements, ils ont tous leurs petits travers pas toujours reluisants… Et quand ils se rencontrent, certains « projets » vont se télescoper, avec beaucoup de scènes drôles qui prennent parfois le lecteur à contrepied. C’est un registre très différent des nouvelles du recueil, qui sont plus intimistes, parfois mélancoliques.

Quel conseil donnerais-tu à un « écrivant » qui aimerait se faire éditer ?

Je pense qu’il faut à la fois y croire et avoir en permanence un regard critique sur son travail. Et ça, je ne sais pas comment ça s’apprend. Il faut trouver des lecteurs qui ne soient pas complaisants ce qui veut dire éviter les proches sauf si on est certain qu’ils auront un regard aiguisé et qu’ils n’hésiteront pas à mettre le doigt où ça cloche : style, construction, ton, syntaxe… Ensuite, il y a aussi des groupes d’entraide, des ateliers d’écriture, des concours pour se frotter aux contraintes et voir le niveau des autres… Mais aucune « recette » miracle. Je pense qu’il faut écrire de manière sérieuse, considérer cela comme un « travail », beaucoup lire, accepter de retravailler ses textes, et éviter de succomber trop vite aux sirènes de l’autoédition, même si j’ai bien conscience que pour beaucoup c’est la seule possibilité d’être lu par le plus grand nombre. Mais je crois que l’échange avec un éditeur reste primordial dans un projet littéraire, il aide à comprendre ses forces et ses faiblesses, à améliorer ses textes, à affiner des choses. En prenant soin, comme ils le demandent tous, que son texte corresponde bien à la ligne éditoriale.

Le roman de Pascale Pujol « Petits plats de Résistance » chez Le Dilettante sort le 19 août 2015.

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