{Texte} Exorcisme

Texte exorcismeUn soir gare de Bayeux,
deux baskets rouges, un pull camionneur vert,
une chambre petite,
un, deux baisers derrière l’épaule,
un dîner au restaurant, un verre.
Un départ, un train.
La distance, l’absence, le manque intenable,
la route seule,
un village paumé, une grand’ place,
une nouvelle famille.
Arras, Lens, Lille.
Les kilomètres à chaque congé.
Arromanches, les plages du débarquement,
les coquelicots rouges, les vétérans
La route à vélo, les pique-niques face à la mer,
les glaces, les post-its partout dans la chambre,
les petits cadeaux.
La distance. Tes études. Casimir Beugnet.
Tes amis, la maison du bonheur, ma jalousie.
Tatihou, Cherbourg.
Un appartement, un été, une rupture.
Le désespoir rue de la République.
Le basket.
Trois mois, le retour. Contre toute attente.
Mon pardon. La confiance jour après jour.
Le Breuil-en-Auge. Essai loupé.
Arromanches encore, Bayeux.
Studio, tes petits boulots, l’usine la nuit, Mac Do,
la quatre voies à vélo.
La chaleur sous les toits rue Saint-Malo.
Place Saint-Patrice, les soirées entre amis, un petit chat.
Rue des chanoines, la cathédrale.
Saint-Lô, deux emplois, la vie à construire.
Un mariage.
Ma robe gris-perle, le bras de mon père, l’émotion sur ton visage, l’amour dans tes yeux bleus, nos familles réunies, nos amis, nos vœux. La vie devant nous.
9 mai, notre journée, le soleil, la première danse, Ben Harper, moi dans tes bras, un feu d’artifice, notre si petite nuit, endormis à 6h30.
Jersey.
Le Pérou, Lima, Arequipa, Nazca, Titicaca, Macchu Pichu, Cuzco.
Une visite, une maison, une décision en une soirée.
Un déménagement, un emménagement sous la neige de janvier. Un jardin.
Marrakech.
La peau de mon ventre qui tire. Un avion, le retour, le test au milieu des courgettes, notre potager, une surprise, tes larmes, tes bras.
Une grossesse, douce. Une naissance difficile, la peau de mon ventre découpée.
Un enfant, la vie bouleversée, deux parents, une équipe fatiguée.
Saint-Malo. Djerba.
La vie qui coule, les repas entre amis, le travail, la famille.
Ton amour qui s’épuise et toi qui ne dis rien, qui fais juste semblant. Toi qui silencieusement me trahis, t’endors contre moi, sous la couverture du non-dit.
Ma confiance aveugle, ton départ brutal, ma désillusion.
Ma colère, mon dégoût, ma tristesse, ma force, ma fille.
Ma vie en ruines, mon cœur en poudre, nos existences séparées, un énorme gâchis.
Onze années qui n’ont pas pesé dans la balance.
Je les écris tu vois.
J’exorcise, j’écris.
Pour mieux effacer.
Du temps perdu à miser sur le mauvais cheval, mauvais investissement, banqueroute totale.
Tout effacer.
De tout cela, ne garder qu’elle, la p’tite pomme-boussole, ne garder qu’elle, trouver le Nord et avancer.
Le reste, tout enterrer.

Comme les amoureux de Peynet
Se sont rencontrés, se sont aimés.
Si parfois parut longue l’attente
Toujours a triomphé leur entente.
Soyez à tout jamais heureux
En restant, l’un de l’autre, amoureux.

Jeanne Foucher

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