{Texte} Les Têtes

Sur les cous, roulent les têtes.

Endormies.

Partout : dedans les trains – eux aussi roulant,

dedans les avions – quant à eux volant,

partout pivotent inertes,

des têtes.

Ça roule vers la gauche, ça roule vers la droite,

à la merci de tout mouvement,

aléatoires.

A droite, ou à gauche, peu importe.

Peu importe le sens,

tête blonde, bouche ouverte,

tête grise, bouche fermée,

elles roulent, elles roulent et,

doucement qui sait, elles pourraient comme

faire un tour complet.

Amusée, je m’interroge,

pauvres têtes fatiguées

inconscientes abandonnées,

je m’interroge sur

l’horizon, la raison,

les instantanés cachés

par tous ces yeux clos.

Et moi aussi je pars,

sans tête branlante,

mirettes à la fenêtre,

le nécessaire tenant

dans si peu, parce que

le nécessaire.

Je pars et j’ai peur de l’envol,

peur des oiseaux tout rouillés

pauvre plume, aux ailes abîmées.

Parce que si

si jamais si…

chut !

Bâiller, bâiller…

pas aux corneilles non

mais aux oreilles bouchées.

Je pars et pour sûr,

si jamais si…

tu sais

je t’aurais tant aimé.

©CLarquemain
Ile de la Réunion©CLarquemain

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